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71. Ils vont au culte...

Publié le 05 janvier 2021 dans La vie quotidienne dans les années cinquante

Vitrail de l'église du Lieu.

    Ils vont au culte. Elles aussi, et même en plus grand nombre. C'était de coutume pour la proportion des croyants ou croyantes de ce village. Tous les dimanches, avec la communion pour les grandes fêtes religieuses. On mettait ses habits du dimanche, on se coiffait d'un chapeau, pour les hommes genre Borsalino, pour les dames, un truc noir et plat avec une voilette qui vous couvrait le visage. Tout ça était sérieux. Bien en dehors de la vie ordinaire. Un peu comme si le Seigneur qu'on allait rencontrer, il n'était qu'à l'église et que là, il vous demandait soudain d'abandonner toute fantaisie pour endosser la peau d'un pénitent, dans tous les cas de ne pas vous départir de l'austérité excessive du calviniste.  

    Les cultes, pour ce village, étaient à 10 heures 30. Ils venaient à la suite de l'Ecole du dimanche, ainsi on ne chauffait pas pour rien. Le marguillier, c'était l'oncle Robert. On le connaissait bien. Il faisait sa tâche avec application, sans fatigue excessive. Il ne l'aurait pu, étant un Pantalon! 

    On mettait un sou dans la sébile alors qu'il vous la tendait. On avait entendu l'harmonium ronflant de toute sa vieille carcasse sous le doigté de Mme Edith Rochat-Buffet. On avait en même temps chanté. On avait prié. On s'était en quelque sorte purifié grâce au cent miséricordes que nous avait accordé sans compter le pasteur. A l'époque Raymond Liardet, grand et bel homme plein de prestance. Il ne détonnait au moins pas. 

    Et voilà, une heure passait sous ces auspices et quand l'on ressortait de l'église, on pensait déjà au rôti de midi. C'était même un peu comme si l'on en avait déjà senti l'odeur. Le bon rôti du dimanche qui suivait de manière parfaite le culte auquel on venait de s'astreindre. 


(PDF)  71. Ils vont au culte