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72. Les taupes

Publié le 28 janvier 2021 dans La vie quotidienne dans les années cinquante

Le genre de trappes que l'on utilisait.

    Y avait plein de taupes dans les champs du village. On les voyait surtout à l'automne, quand la dernière herbe avait été broutée par un bétail encore libre en fin de saison de ses errances dans les prairies du coin. De belles taupinières, avec pour certaines de la magnifique terre noire. De la terre comme ça, tu la prends dans les mains, un peu perleuse, et tu la fais couler entre les doigts ur ce sol d'où tu l'avais prise. Elle est belle. Elle t'accueillera volontiers un jour, si douce! 

    Les taupes trouvaient elle aussi qu'elle était douce. Raison pour laquelle elle étaient à profusion. Le village n'engageait plus de taupier depuis belle lurette. Il comptait sur les jeunes pour prendre la relève. Il les payait. Trente centimes pour les grises, cinquante pour les noires. 

    Les noires sont moins nombreuses et plus difficiles à prendre. Par contre, quelle fourrure. Et dire que ça vit en terre et que ça ne se salit même pas. Un miracle, une adaptation formidable. 

    On ne tuait pas pour le plaisir, simplement pour avoir quelques sous pour aller les dépenser au kiosque du Pont. Ou pour acheter des nougalines chez l'Aline. On ne donnait pas d'argent de poche, en ce temps-là, il fallait bien le gagner d'une manière ou d'une autre, et les taupes, avec les escargots, voilà deux sources possibles de se faire de la thune, et qui plus est,  à proximité immédiate du village. 

    


(PDF)  72. Les taupes