Ces journaux qui traînaient sur les tables, sur les guéridons, et finiraient au vieux papier, ficelés en gros paquets que les élèves viendraient chercher avec leur petite charrette, ils faisaient partie de notre vie quotidienne. Ils modelaient notre pensée, ils nous ouvraient au monde certes mais selon les critères propres à chaque rédaction. Ils nous orientaient. Ils faussaient naturellement notre perception de ce même monde, mais que pouvions-nous y faire. On ne pouvait tout de même pas aller sur place pour se rendre compte de visu ce qui s'y passait. On ne pouvait pas être dans les coulisses des états pour comprendre quels sombres desseins ils préparaient. On était donc informés tout en restant ignorant.
Ces journaux naturellement comportaient leurs nombreuses pages de réclame. Celle-ci autant que le reste, plus peut-être, puisqu'elle avait une action directe sur notre mode de vie de tous les jours, nous modelait. C'est ainsi qu'il fallait vivre, c'est tel ou tel produit qu'il fallait acheter. c'était-là la voiture que vous rêviez d'acheter depuis des lustres.
La réclame nous a offert le mode de vie que l'on souhaitait. On n'en est pas encore remis!

