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17. Et si l'on s'arrêtait à la forge ?

Publié le 23 novembre 2018 dans Nos vieilles maisons.

Le forgeron Walter Meyer et son épouse Georgette.

    La forge, quelle ambiance. On devrait la faire revivre rient que pour retrouver ces coups de marteau que l'on donne sur le fer rougi que l'on tourne et retourne sur l'enclume, ce feu de charbon dans le foyer et sous la hotte pleine de chiffres tracés à la craie blanche, cette odeur des fers et de la houille, du sol de terre battue, de la transpiration des hommes, des huiles que l'on sert... 

    La forge a fermé ses portes, comme d'autres lieux ont aussi fermé la leur. C'est la vie d'un village qui se rétrécit. Au profit de quoi ? D'une uniformité quelque peu désespérante, quand l'on y pense. Car y avait toujours du monde, là, dans cet antre de vulcain, des paysans qui venaient voir si la pièce qu'ils attendaient avait été réparée - je te la fais demain - ou si le Maître pouvaient leur resouder la timonière de leur char qui venait de péter. 

    On avait absolument besoin d'un maréchal. Autrement, ton entreprise, elle ne tenait plus. Alors voilà, c'est bien à la forge qu'on allait, et qu'on se retrouvait, et qu'on parlait du temps qu'il fait, et au dehors de laquelle la pluie soudain s'était mise à tomber, des grosses gouttes qui tambourinaient sur les tôles du toit de la raponce. Alors aussi les choses, puisque tout était désormais mouillé, elles pressaient un peu moins, on pouvait ralonger la discussion, refaire un peu de ce monde qui ne va pas trop bien... 

    La forge, c'était vraiment le coeur du monde, autant si ce n'est plus que la laiterie de mon père qui était juste à côté, ou que de la boulangerie elle aussi à deux pas. Le coeur du village, dans tous les cas... 

    Que ce petit aperçu la fasse revivre quelque peu, cette fameuse forge... 


(PDF)  Du côté de la forge