Maurice Pittet peignait, il exposait, il voyait passer toutes sortes de gens qui discouraient derrière ses peintures. Tout en grignotant un petit four - il parle de cet état - que pouvaient-ils penser de ses oeuvres ? De ces oeuvres qui avaient arrachée de ses tripes ? Il les regardait, ces braves gens. Pour beaucoup d'entre eux il savait leurs pensées. Il enregistrait leurs doutes, il devinait leurs réticences à sa peinture, à ses oeuvres, à ses enfants! Bien sûr, à chaque fois il en souffrait. Il eut mieux valu pour lui de ne pas exposer, de laisser ses créations cachées de ceux qui ne les comprennent pas. Mais voilà, il lui fallait bien vivre. Vendre. Et vendre à celui-ci ou celui-là, à celle-ci ou celle-là, qu'il n'aura pas choisi. Laisser filer ses oeuvres par le monde sans qu'il sache leur devenir. Qui les verrait, demain, aprè-demain. Quand même il ne serait plus là.
En fait Maurice Pittet se méfiait de tout le monde. Même des plumiifs qui allaient disséquer sa peinture, en dire des choses qu'il n'avait jamais pensé. Peut-être même trouvait-il qu'il allaient trop loin, qu'ils manquaient de simplicité. Qu'il n'avait pas voulu dire ceci ou cela. On ne le comprenait pas, qu'il croyait toujours. Aussi ces belles expositions, où l'on boit des verres pour mieux admirer, pour dire plus de conneries encore, comme quelque part il devait les redouter, le vieux loup solitaire!
↓ (PDF) Maurice Pittet nous parle