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19. Le Grand Hôtel du Lac de Joux.

Publié le 21 novembre 2018 dans Nos vieilles maisons.

Un graphiste exceptionnel donne l'une des plus belles affiches de la Vallée de Joux.

    Le Grand Hôtel du Pont, que voilà un bâtiment qui non seulement permet de rêver, mais aussi de s'interroger sur une certaine folie de promoteurs extieurs à la Vallée et qui ne savent même pas son climat. 

    Le problème, c'est qu'ils sont venus contempler notre région par un beau jour de printemps, et que foulant les beaux champs du Mont-du-Lac, les Cernies, ils ont pu se rendre compte de la splendeur du paysage et qu''ils se sont dit: 

    - C'est ici même qu'il nous faut construire un Hôtel. 

    Certes, pas tout à fait au milieu des champs, mais dans une position bien abritée, au pied des rochers de l'Aouille.

    Et dès cette heure, les formalités accomplies, les entrepreneurs ont pu leur construire un hôtel à leur goût. Grande inauguration de 1901 dont on peut lire le compte-rendu dans le journal local. A cette occasion on distribue à chacun ou chacune une belle brochure des Editions Atar, à Genève, ventant les bienfaits du climat de la région d'une part, et d'autre part la modernité de l'Hôtel qui se veut à l'avant-garde. 

    Le rêve est réalisé. Mais que peut-il y avoir au-delà du rêve ? La simple réalité! Qui est les sautes d'humeur du climat, vous donnant ces séries interminables de jours de pluie, et que faire alors quand l'on est confiné dans un hôtel, jouer au carte, sortir un jeu de famille, grignoter une bricole en attendant l'heure du souper, bref, on s'ennuie! 

    Mais la versalité du climat, ce n'est rien encore comparée à ce de de la situation internationale. Et si celle-ci, à l'heure où l'on inaugure est bonne, et qu'elle le reste encore une bonne décennie, bientôt l'ambiance européenne s'alourdit. Il y a des menaces, ici ou là. Bref, on commence à douter de cette espérance que l'on avait que la guerre était  une coutume des temps passés et que plus jamais elle ne reiendrait. Et l'on tempère aussi en même temps son euphorie et l'on fait et refait ses comptes. Au final, la rentabilité de l'établissement, elle n'est pas aussi mirifique qu'on avait pu le penser au départ,  et surtout en cette année 1905 où tous les hôtels de la région sont si remplis que l'on refuse du monde.  

    Bref, nous voilà revenu sur terre. Et plutôt que d'avoir les pieds sur du solide, on les aura sur du flottant. Et pas rien que pour une ou deux saisons, pour une bonne décennie, car après les hostilités, sacrebleu, il faudra se remonter. Et la pente reste raide, et les difficultés ne manquent pas, d'autant plus qu'en ce laps de temps, bientôt vingt ans, l'hôtel a souffert et qu'il faut procéder à des travaux de restauration. Qui, par ailleurs, désormais, seront monnaie courante. Sans que jamais pourtant l'on ne puisse remettre vraiment en cause la fonction du bâtiment, vu son immensité. 

    Et c'est ainsi que s'accomplit, pas à pas, avec des hauts et des bas, plus de bas que de hauts, l'histoire de cet hôtel sur lequel, c'est une certitude, on n'a pas fini de se poser des questions. 


(PDF)  54. Grand Hôtel du Lac de Joux