Un chaudron d'une ancienneté sans doute remarque. Dans un état qui n'en fait certainement pas une pièce d'un grand musée ethnographique. Encore que... Car quel est le but d'un objet. Faire plaisir à l'oeil du visiteur, ou rendre simplement hommage à celui qui l'a servi, et quelque soit son état. Nous optons volontiers pour la deuxième solution. Ce qui ne veut pas dire que le bel objet est négligé, loin de là!
Ce chaudron, cabossé, troué, un farceur a réussi à y faire cinq trous dans le fond afin de le transformer en bac à fleur, le respect fiche le camp à la vitesse grand V, proviendrait des Petits Plats. Et c'est justement ce qui fait sa haute valeur ethnographique. Il a donc servi en ces lieux mythiques. Territoire suisse certes, mais royaume quand même des gens de Bois-d'Amont qui devraient avoir à coeur de le ramener au pays! Enfin, la politique avait passé par là pour passer sur sol étranger une portion importante de leur territoire. Une sorte d'iniquité pour des montagnards dont la vie était déjà suffisamment rude pour qu'on ne la complique pas en plus avec ces problèmes de frontière.
On fabriquait là-haut. Deux fromageries avaient même été créées au début du XIXe siècle. On utilisait alors des chaudrons de sorte, c'est-à-dire capables de contenir le lait suffisant pour fabriquer un fromage de bonnes dimensions et d'un poids raisonnable. Le chaudron dont nous avons à traiter, quant à lui ne contenait guère plus de 100 litres. On n'y pouvait en conséquence fabriquer qu'un petit fromage d'une dizaine de kg dans le meilleur des cas. Il était aussi possible de produire des fromages à pâte molle, genre tommes, vacherins ou divers.
On plonge en plein, avec la restauration un peu malheureuse de ce chaudron - le vert de gris nous a intoxiqué pour deux bons jours - dans la vie des alpages de nos régions.
↓ (PDF) 28. Un vieux chaudron