La vie civile se mêlait volontiers à la vie militaire. Au moins deux fois par année, une au printemps et une à l'automne. Les soldats logeaient à la Grande salle dont on avait revêtu le sol de panneaux protecteurs sur lesquels s'alignaient les paillasses et les couvertures, les cuisiniers tenaient cuisine dans les sous-sols de l'école. Humez-moi donc cette bonne odeur de tambouille militaire, qui se répand partout dans le bâtiment. Pas besoin de dix heures. On croisait les cuisiniers quand l'on allait aux toilettes du bas, vous savez, pour les garçons tout au moins, à l'odeur piquante de la vieille urine. L'odeur même de ce sous-sol que l'on pouvait bien connaître après les huit années passées en classe.
Militaires qui ont complètement disparu dès les années, disons nonante. D'ailleurs, comment les recevrions-nous avec un local disparu ? Mais c'est vrai, il y a désormais l'abri PC. De bleu, vont-ils nous mettre à la porte toutes les antiquités, dont le patrimoine scolaire des Charbonnières, qui ont été peu à peu entassée dans la pièce du fond ?
Honnêtement, qui saurait être tranquille dans un monde où les choses changent de fond en comble tous les dix ans ?
Militaire, les hommes du village étaient presque tous partis un jour ou l'autre pour accomplir leur service. Ils revenaient chargés de souvenirs dont la plupart allaient bien au-delà de la simple réalité qui était monotonie, lassitude, et bien entendu, ennui de son village et de sa maison, là où l'on est bien, là où l'on vit vraiment.
↓ (PDF) Les militaires