Qui se souvient encore des scies ambulantes ? Il s'agit simplement de scies à ruban montées sur un véhicule quelconque, d'origine ou traficoté, et avec lesquels certains vont de maison en maison pour y scier ce bois que l'on découvre sur le devant en stères plus ou moins nombreux. D'aucuns ne sont que de tout petits clients, d'autres des consommateurs de bois enragés, avec très certainement des maisons peu isolées pour réclamer autant de combustible.
C'est un monde disparu, sur lequel est venu se greffer le monde du mazout. Voyez la facilité. Vous avez tiré la dernière goutte de votre citerne, un coup de fil à Simond, et le voilà le lendemain à venir vous offrir une réserve pour une bonne année. Et vous, vous n'avez rien fait, avec juste la facture à régler dans les trente jours.
Tandis que le bois, mes amis, si vous avez le malheur de procéder de A à Z, une toute autre affaire. Voilà. Vous abattez, vous scier des billes d'un mètre. Vous les entassez. Vous venez les chercher, étant sur le pâturage ou dans des coins impossibles, pour les entasser à port de camion. Vous venez avec votre tracteur et votre remorque. Vous chargez. Vous amenez vos deux stères au village. Vous déchargez. Vous sortez votre machine à débiter. Vous reprenez les billes pour les scier en bouts de 33 cm que vous jetez en tas. Plus tard vous sortez votre brouette et vous menez ce bois sous l'auvent de votre maison pour l'entêcher. Celui-ci une fois sec, après une bonne année, voire deux ans, vous le reprenez pour en faire une réserve dans votre maison. Et là encore, pour un feu par jour, vous venez avec votre corbeille et vous transportez celle-ci proche de votre chaudière. Reste plus qu'à faire le feu et le tour est joué!
Tout cela, pendant que l'amateur de mazout, n'a eu pour toute peine qu'à sortir son stylo et rédiger un chèque ! Quelle immense fatigue!
Il ne fait aucun doute, tout au moins pour l'heure, que les scies ambulantes ne sont pas prêtes à faire réapparition!
Vous qui me lisez, je vous le dis, il y a soixante-cinq ans que je cours après le bois!
↓ (PDF) 7. Des scies ambulantes