Taupier, voilà un métier qui se perd. Les taupes ont donc beau jeu de ravager nos prairies, tout en reconnaissant qu'elles ont sans doute un rôle à jouer, pourvu que leur nombre n'excède pas une moyenne plutôt basse. On a vu, de ces champs, entièrement ravagés par nos fouisseurs qui savent parfois se multiplier à l'excès.
On allait aux taupes quand on était gamin. Le village nous donnait trente centimes pour les queues des grises, les plus nombreuses, et 50 centimes pour les noires, très rares en somme. Ces queues, avant que d'aller toucher notre salaire, on les mettait dans une petite boîte métallique. Dieu qu'elle sentait bon quand on l'ouvrait! On en a encore l'odeur dans le nez!
C'était le bon vieux temps, en somme. On allait aux taupes surtout à l'automne, quand la vie agricole ne nous demandait plus guère que rentrer les vaches à l'écurie en fin de journée, alors qu'elles avaient divagué librement dans les prairies. Dans les caves, les affineurs s'affairaient. Les paysans allaient étendre leur fumier. Il y avait sur tout cela une bonne petite odeur de campagne qui n'était pas désagréable.
Les taupes, évidemment, appréciaient moins notre présence sur un territoire que trop souvent elles considéraient comme le leur, exclusivement!
↓ (PDF) Taupier ou derbonnier