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5. Inventaire Benoît de 1766.

Publié le 27 mai 2018 dans Inventaires

Armoiries de la famille Benoît du Chenit.

    Lucien Reymond dit ceci de la famille Benoît du Chenit: 

    En 1720 environ, Etienne Benoît, proscrit français venant du Vivarais[1], arriva dans la contrée et donna les coupes employées pour la communion contre la bourgeoisie du Chenit. Il fut d’abord aubergiste au Sentier. Plus tard (en 1760), il bâtit la maison des Places[2], d’où ses descendants sont allés sur le Crêt.

    Cette famille est notre sœur cadette ; Etienne Benoît est le dernier défricheur étranger venu dans notre contrée. Ainsi fut terminée cette colonisation, commencée en 1304 par Perrinet Bron. Elle a été laborieuse, lente dans les premiers siècles, et rapide dans sa dernière période. Je suis loin de vouloir jeter le blâme à nos illustres réformateur, mais je ne puis m’empêcher de faire remarquer ici un singulier rapprochement. Tandis que notre vallée commençait à être défrichée par des protestants fugitifs et persécutés, la partie française du même vallon, appelée Bois-d’Amont, se peuplait de catholiques genevois fuyant le courroux de Calvin et le bûcher de Servet fumant en Plainpalais[3].

 

    Propos d’Hector Golay :

 

    Enfin, pour clôturer la série de nos anciennes familles bourgeoises, il nous reste à mentionner l’arrivée au Chenit, en 1725, d’Etienne Benoît, chassé du Vivarais par les dragonnades. « La famille Benoît est notre sœur cadette », écrit Lucien Reymond ; « épave de la guerre des Camisards » et de ses suites, elle apportait dans son écu de famille, larmes et fleurs sanglantes, un dernier témoignage de la France persécutée.

    Etienne Benoît se fixa au-dessus du Sentier – les Places – où une localité voisine a gardé le nom de Combe-à-Etienne ; puis la famille vint s’établir sur le Crêt-de-l’Orient, où elle est encore représentée ; la plus nombreuse partie de cette descendance a quitté la Vallée[4].

    L'inventaire Benoît est de toute première importance, entièrement rédigé en 1766 par Benjamin Golay, secrétaire de la commune en même temps que secrétaire du Consistoire. 

[1] Note de l’auteur : L’ancien Vivarais fait partie aujourd’hui du département de l’Ardèche.

[2] Note de l’auteur : Cette maison s’appelle aussi Chez-Jacques Abram. Il ne faut pas la confondre avec les Places, à bise de l’Abbaye. Ce mot dérive de faulde ou place à charbon.

[3] Lucien Reymond, Notice de 1864, pp. 54-55.

[4] Hector Golay, les familles de la Vallée de Joux, 1906, p. 35.

 


(PDF)  Inventaire Benoît de 1766