Les nius, un terme que les enfants d'aujourd'hui ne connaissent même pas. Comme ils ne savent doute pas non plus ce que veut dire pougner, ce que les termes virette, poutzette, plombette veulent dire.
Autres temps, autres moeurs.
Les nius, c'était un jeu de printemps, quand la neige venait de partir, libérant ainsi un bout de cour, un bout de route. Et hop, selon les règles employées dans tel ou tel village, on s'adonnait au jeu des nius, des billes, si vous préférez. Avec les billes elles-mêmes, petites boules de terre cuite toutes belles colorées quand elles étaient neuves, et les agathes, en verre, dont la transparence offrait de découvrir au centre des torsades colorées. D'autres étaient en porcelaine, par conséquent opaques.
A l'époque, tout au moins ici au village, chez Toto, les nius étaient à 1 ct. pièce. Il en avait un immense carton. Il les mettait sur le comptoir qu'il comptait l'un après l'autre. On en prenait pour cinquante centimes maximum. Il rangeait ensuite son carton. Où est-il donc aujourd'hui, celui-là ?
Ils étaient si beaux, tout neufs. Ils sentaient encore le vernis. Une bonne odeur de nius tout frais! Mais ils ne restaient pas longtemps en cet état. Puisqu'ils étaient cognés, râpés, agressés de toutes les manières. Et les nius passaient des poches de ceux qui n'étaient pas trop habiles, à celles des champions, qui vous expédiaient l'agathe sur le pouce, par exemple. Y avait des doués pour ça. Y avait même aussi parfois des adultes qui se mêlaient pour deux minutes à une partie. Ils voulaient tout simplement prouver qu'autrefois, quand ils avaient notre âge, ils étaient des champions!
Et voilà, le printemps se terminait. Les nius, ils ne quittaient plus la maison jusqu'à la prochaine saison.
On en garde encore quelques-uns. En souvenir, bien sûr. Pour honorer ce petit culte que l'on professe pour ces choses du passé que l'on ne saurait faire disparaître. Ca peut toujours servir. Ne serait-ce que pour alimenter nos rubriques!
↓ (PDF) 4. Les nius