Cette petite maison un peu improbable, à l'angle du parc de la Truite et de la route pour Vallorbe. On entrait. On accrochait notre veste à un crochet et puis l'on s'asseyait sur une chaise contre le mur en attendant notre tour.
On lisait, ou plutôt feuilletait, des Sélection du Reader's Digest. Tout en même temps que l'on contemplait le copain qui se faisait bien dégager derrière les oreilles. De la tonte rapide, à la série, qui satisfaisait nos parents. Quant à nous, on ne trouvait tout cela pas si extraordinaire que cela, d'autant plus que se faire raccourcir les tifs, ça mettait bien en évidence nos grandes oreilles. Quelle allure!
Et le figaro, pour parfaire le tout, nous envoyait une bonne riclée de sa brillantine qui serait collante à peine une heure après, avec une odeur quelque peu indéfinissable. Faudrait alors se laver les cheveux au plus vite. Mais déjà on avait oublié le coiffeur pour n'y plus repenser que quand notre mère nous invitait à retourner chez lui après six semaines, guère plus.
↓ (PDF) 59. Le coiffeur s'appelait Ruffieux