La hantise de la commune de L'Abbaye fut depuis toujours que les entonnoirs se bouchent et que par ainsi le niveau des lacs augmente de manière à ce que tous ses villages soient engloutis sous les eaux. Il faut en effet imaginer que le lac pourrait monter jusqu'à l'altitude de la Pierre à Punex, soit à 1060 m. Cette commune s'inquiéta donc en permanence de l'état des entonnoirs de Bonport, et en particulier de celui nommé le Grand Creux. Elle surveillait en conséquence les propriétaires. Mais ce n'était pas encore assez. Aussi quand Bonport fut à vendre, en 1777, elle sauta sur l'occasion et acquis le site.
La commune de L'Abbaye fut désormais propriétaire de l'endroit. Pour son fonctionnement, scierie et moulin, elle engageait des ténementiers. Mais le problème était que Bonport fut d'amblée pour cette collectivité un nid à problèmes, avec des inondations, des déprédations diverses suite à la chute de pierres des parois environnantes, voire même un incendie. Il fallait à chaque fois restaurer, tout cela pendant que les installations industrielles ne marchaient pas, d'où déduction du prix de location du ténementier.
Au final, la dite commune, ayant fait établir les rentrées et les dépenses de ce poste à problèmes, constata que les sommes investies dépassaient largement ce qu'elle pouvait supporter. Elle vendit donc les installations à l'un de ses citoyens du Pont, Armand Rochat, boulanger, le 24 juillet 1852, pour le prix de 5000.- Elle pouvait enfin respirer, quoique la menace de nouvelles inondations n'était nullement écartée par cette vente.
↓ (PDF) 8. Bonport, propriété de la commune de L'Abbaye