Les escargots ont rempli nos crousilles. Plus que ce que l'on pouvait nous donner comme argent de poche, car cela se trouvait être trois fois rien. En fait ce que l'on nous offrait au kg pour nos récoltes de coquillots, ou de cotchs, était une manne presque céleste. Comment sans cette paie, aurions-nous pu nous acheter nos BD, Artima en particulier ? Impossible. Il fallait chasser la bête, pour plonger dans la culture.
On ne se souciait certes pas du pauvre sort de nos gastéropodes qui allaient tôt finir dans les cuves d'étuvage de la fabrique d'escargots Martin aux Crettets. A vrai dire la période de cuisson des escargot était abominable en terme d'odeur. Celle-ci, quand nous passions devant ce bâtiment nous rendait littéralement malades. Aussi prenait-on sa respiration vingt mètres avant le bâtiment et on ne la relâchait que 20 mètres après. On se demandait par ailleurs comment il était possible que l'on puisse vivre dans une puanteur de la sorte. Atroce.
Néanmoins on l'affrontait quand on allait livrer notre récolte sur place, réceptionnée par le maître dont les sous que l'on recevait en retour avaient fière allure avant que de passer dans notre poche où on pouvait les tâter avec un plaisir inexprimable. On était ravi que la paie soit selon nous si élevée. Tout ce qu'on allait pouvoir s'acheter avec. Ce n'était pas le paradis, certes pas avec une doeur pareille, mais au moins le Pérou!
↓ (PDF) Les escargots