← La vie quotidienne dans les années cinquante

27. De si belles voitures...

Publié le 24 janvier 2021 dans La vie quotidienne dans les années cinquante

Bielser, boulanger aux Charbonnières.

    De grosses caisses impressionnantes pour les débuts, des véhicules utilitaires bientôt, et puis à partir du début des années soixante, des voitures de tourisme en masse, celles-là même qui vous conduiront à Rimini. Les horlogers construisent leur maison et achètent une voiture. Seul les paysans ne s'en procurent pas, ayant déjà assez à faire à amortir leur tracteur. Pour la plupart de cette génération là, ils n'en auront jamais, à un certain âge n'ayant plus le courange de passer leur permis. Ils demeureront ainsi un peu les demeurés de l'histoire, tout au moins peuvent-ils avoir cette impression. Alors qu'il s'agit carrément ici d'un changement de civilisation. 

    Voiture, on se rappelle la VW de l'oncle, toute noire, avec les petites fenêtres à l'arrière. Tu t'engouffres dans cet engin, c'est l'horreur. Premièrement l'odeur atroce des sièges en simili-cuir plastique. L'odeur aussi de la benzine. Et puis un certain inconfort. Du tout naîtra, alors que tu affrontes tous les virages du Mollendruz, des envies de vômir. Plus d'un des passagers a fait arrêter la voiture pour aller rendre visite aux buissons  les plus proches. 

    Les voitures arrivent. En même temps c'est le goudron qui s'installe. Partout, sur les routes du village, puis sur les petites routes, devant les maisons, inondant les cours de terre battue. Tout juste si le goudron ne pénètre pas dans les maisons. Et avec le goudron, ce sont les garages, parfois construits en simple prolongation de la maison, en d'autres circonstances simples garages préfabriqués dégueulasses qui enlaissent les village à vitesse grand V. On s'en fout, ce que l'on veut, nous tous, c'est la voiture, la bagnole, une caisse qui te permette enfin de voir autre chose que des sapins! 


(PDF)  27. De si belles voitures